Elles reprennent leur souffle. | ||||
AGNES : | Les poupées sont moins exténuantes que les vrais bébés. | |||
IRENE : | Les poupées, les bébés c'est pareil. | |||
AGNES : | Tout de même, les poupées ne hurlent pas et elles ne sentent pas. | |||
IRENE : | Passe moi ta poupée. | |||
AGNES : | Que veux tu faire ? | |||
IRENE : | Vérifier si elle ne hurle pas. | |||
AGNES : | Non ! | |||
IRENE : | Mais puisqu'elle ne sent rien... | |||
GERTRUDE : | ...qu'on lui coupe la tête. | |||
AGNES : | Arrêtez, je ne veux pas ! | |||
GERTRUDE : | Article 43 : Il est ridicule, pour un membre du club, de tenir à sa poupée. | |||
AGNES : | Ce n'est pas un vrai article. Tu viens juste de l'inventer. | |||
IRENE : | C'est faux, c'est le plus vieil article de notre code. | |||
AGNES : | Alors cela devrait être l'article premier ! | |||
GERTRUDE : | Qu'on lui coupe la tête ! | |||
AGNES : | Mais pour qui te prends-tu ? Tu prétends que tu t'appelles Alice, mais en réalité ton nom est Gertrude. Gertrude, Gertrude, Gertrude. | |||
GERTRUDE : | Menteuse ! Irene, as-tu entendu ce qu'elle raconte ? | |||
IRENE : | Irene ? Où as tu vu une Irene ? Tu veux dire Alice, je suppose ? | |||
GERTRUDE : | Où avais-je la tête ? Alice ! | |||
Daisy répond en même temps que Irene. | ||||
DAISY ET IRENE : | Qu'y a-t-il ? | |||
DAISY : | C'est moi ! | |||
IRENE : | Non, c'est moi ! | |||
DAISY : | Mademoiselle voudrait être la seule Alice. | |||
IRENE : | Et vous, vous ressemblez beaucoup à une certaine Daisy. | |||
Elles se jettent avec mépris leurs vrais noms à la figure. | ||||
Daisy et Irene commencent à se pincer simultanément, lentement et cruellement. De l'autre main, elles se sont empoigné les cheveux. | ||||
Dodgson est devenu livide. Depuis le début de la dispute, il agite ses mains en faisant des gestes convulsifs d'apaisement. Soudain, les petites l'entendent avec stupéfaction : | ||||
DODGSON : | Do-do-do-do-do-do-do-do-do-do-do-do-do-do do-do-do-do-do-do-do-do-do-nnez vous la peine de m'écouter ! | |||
Il a l'air fou de rage. Elles se sont tues et le regardent. Il commence, d'une voix sévère : | ||||
DODGSON : | Tweedledum avec Tweedledee Tenait à se battre en duel Car Tweedledum disait que Tweedledee Lui avait cassé sa nouvelle crécelle C'est alors qu'un sinistre et monstrueux corbeau Sur eux fondant du haut du ciel Tant effraya nos deux héros Qu'ils durent sur le champs oublier leur querelle | |||
Les petites reprennent en chanson : | ||||
TWEEDLEDUM & TWEEDLEDEE (Walter Slaughter) Opérette de Savile Clarke |
||||
Tweedledum and Tweedledee Agreed to have a battle For Tweedledum said Tweedledee Had spoiled his nice new rattle Just then flew down a monstruous crow As black as a tar-barrel Which frightened both those heroes so They quite forgot their quarrel. | ||||
Fin de la chanson. Dodgson les salue. | ||||
DODGSON : | A présent mes amies, je dois vous dire adieu. | |||
GERTRUDE : | Où allez vous ? | |||
DODGSON : | Je pars en quête d'une paire de gants neufs. | |||
AGNES : | Reviendrez vous ? | |||
DODGSON : | Je n'en suis pas sûr car il faut que je vous signale une curiosité statistique concernant Eastbourne : j'ai récemment fait quatorze boutiques à la recherche d'une paire de gants de fil sans en trouver ! Les rares boutiques qui en avaient n'offraient qu'une seule taille, qui se trouvait ne pas être la mienne.13 | |||
Il disparait derrière le kiosque. | ||||